Rédigé par Raymond CAVAILLE, ancien élève. Deux enseignants au parcours remarquable qui ont des liens avec la Montagne de chez nous ! L’un est issu d’une famille dont les origines connues viennent de Cabanes commune de Moulin-Mage, il se nomme Louis RASCOL (1866-1951). L’autre est issu de la famille CAVAILLЀS de Nages, il se nomme Joseph, Jean Baptiste CAVAILLЀS (1871-1955). Jean-Baptiste CAVAILLE Lors du conseil d’administration du CRPR, le 14 avril 2018, il était évoqué la personnalité de Louis RASCOL qui a été le fondateur du Lycée du même nom à Albi. J’ai indiqué qu’il avait été l’ami de Jean-Baptiste CAVAILLЀS et qu’ils avaient tous les deux créé une EPS (école primaire supérieure) :Louis RASCOL à Albi et Jean-Baptiste CAVAILLЀS à Saint-Pons. Avec la vivacité que nous connaissons tous des Présidents, (l’un étant l’actuel Président du CRPR et l’autre étant l’ancien Président), me voilà investi de produire un texte. Modestement, je me mets à l’ouvrage sans trop savoir où je mets les pieds ! Il va de soi que les deux personnalités dont il est question m’imposent de traiter cela avec beaucoup de respect. En effet ces deux hommes aux origines de chez nous, ont eu une carrière d’enseignants, de chefs d’établissement d’enseignement primaire supérieur et de politiques en deuxième partie de leur vie. De
plus, ils étaient amis, avaient eu droit directement ou indirectement aux cours
de philo de Jean Jaurès pendant leurs études et ils avaient en héritage la
fibre littéraire ! C’est donc avec une certaine angoisse que je commence mon travail, les experts du CRPR décideront ensuite de son avenir. En ce qui me concerne et ayant connu Jean-Baptiste CAVAILLЀS de son vivant (j’avais 10 ans en 1955 lors de ses obsèques), j’éprouve un sentiment de grande joie de pouvoir transmettre un peu de la mémoire de ces deux personnalités qui ont honoré notre plateau. Seulement voilà ! Ils ont tout dit, tout écrit, eux de leur vivant. Alors moi le descendant lointain que puis-je apporter au moulin de l’histoire… ? Déjà les textes existants sont une bonne étape, je ne m’en prive pas et je les place là ! J’espère que je serai pardonné pour cette témérité ? La Revue du Tarn n° 199 de l’automne 2005 (année du centenaire du Lycée Louis RASCOL) écrit : « Cependant Louis Rascol avait conservé un livre de 1940 sur la promotion de la femme, Lucette Dupont ou les débuts d’une institutrice dans l’isolement des montagnes, mais l’auteur, Jean-Baptiste Cavaillès était un ami de la famille ; il avait dédicacé un autre de ces romans à - je cite « M et Mme Louis Rascol, respectueux et affectueux hommage ». Le lecteur peut se reporter aux mémoires de Jean-Baptiste CAVAILLЀS publiées par le CRPR en 1983 (les débuts du CRPR) et la revue du Tarn n° 199 de 2005 (le centenaire du lycée Louis Rascol d’Albi) et bien d’autres documents… Les deux personnages ont un parcours universitaire qui va jusqu’à l’agrégation d’histoire pour Louis RASCOL (il échoue à l’examen et s’oriente vers l’enseignement). JBC est normalien. Ils sont enseignants sur différents postes et puis du fait de leur grande compétence, l’un et l’autre, l’administration de l’Education nationale les nomme à des postes de responsabilité. Tous les deux se voient confier la création et la direction d’une EPS (école primaire supérieure) et pour Albi, Louis RASCOL crée en 1905 l’école primaire supérieure et professionnelle. C’est dans la période de la loi de 1905 (séparation de l’église et de l’état), le début de la « Laïcité », Jean-Baptiste CAVAILLЀS en 1909 crée l’EPS de Saint Pons. En 1923 Louis RASCOL publie : « La véritable éducation professionnelle ». Pour défendre son établissement menacé de disparition, il souligne que l’EPS a tendu à réaliser la conception de Jules Ferry et il terminait en écrivant : « Les écoles à tous les degrés et quel que soit leur caractère, sont faites pour les élèves et c’est l’unique préoccupation dont doivent s’inspirer ministres et professeurs » ! Ils cesseront leur activité en 1926 pour Louis RASCOL et 1927 pour Jean-Baptiste CAVAILLЀS et ils verseront totalement dans la politique municipale et départementale jusqu’à la fin. Les débuts furent exposés car en pleine loi 1905, ils ont dû créer leur école dans des bâtiments religieux et cela n’a pas plu à tout le monde ! Ils y sont parvenus cependant et ont mis en route des écoles qui ont rapidement eu du succès. La grande guerre a stoppé leur fonctionnement et il leur a fallu tout redémarrer en 1919. C’est en 1921 que mon père rentre à Saint-Pons. L’enseignement est excellent mais la nourriture est juste car les temps sont difficiles. Seuls les enfants robustes vont tenir. Les diplômes sont appréciés et ses deux écoles ne manqueront pas d’élèves. Pour Jean Baptiste si je me reporte à ses mémoires, il a financé les travaux de restauration après la Première Guerre mondiale avec ses deniers et des dons extérieurs. Je ne pense pas qu’il soit possible de faire cela maintenant ! Il écrit en 1918 au lendemain de la grande guerre : « Au plus vite, je fis procéder au nettoyage général - une corvée - puis, aux réparations essentielles de l’intérieur. Quant à l’éclairage, j’achetai de grosses lampes à mon propre compte et peu après, je décidai l’adjoint au Maire, plus compréhensif que le Maire, à procéder dans l’établissement à l’installation de l’électricité, à compte de moitié entre la ville et moi ». Je
crois que les propos de ces deux enseignants devraient éclairer encore de nos
jours les politiques et les enseignants. A la fin de leur activité au service de l’Education nationale, ils continuent leur action en politique municipale et départementale, Louis Rascol sur Vielmur-sur-Agout et Jean-Baptiste CAVAILLЀS sur Nages et Lacaune. Louis Rascol est issu d’une famille d’instituteurs (père et grand-père). Jean-Baptiste CAVAILLЀS d’une famille de cordonniers bottiers chaussures sur mesure de Nages. LR a donné sa belle bibliothèque au Lycée d’Albi, elle trône dans une salle dédiée à Louis Rascol. Brigitte Jacquemetton écrit le 28 janvier 2005 : « C’est aussi la collection d’un homme à l’esprit universitaire, qui ne se laisse pas influencer par les idées reçues, mais a le désir de se faire sa propre opinion, en comparant les thèses des uns et des autres, en cherchant à comprendre, en étudiant aussi les origines des idées de son temps ». On peut de nos jours méditer sur ce propos ! Voilà mon souvenir, Je ne sais pas quel est le devenir de l’EPS de Saint-Pons aujourd’hui, par contre je sais que le lycée d’Albi que j’ai pratiqué de 1959 à 1965 en tant qu’interne et que je continue de visiter souvent pour rencontrer les jeunes étudiants, est un beau lycée qui a évolué avec son temps. Il doit à un ancien enseignant devenu Premier Ministre du général de Gaulle sa situation actuelle, je veux parler de Georges Pompidou qui est venu inaugurer le lycée nouveau en 1964, j’y étais ! Pour ce qui concerne l’EPS de Saint-Pons, je sais par les cahiers de mon père qui a été 2 ans dans cette école, en 1921 et 1922 à l’âge de 12 et 13 ans que l’enseignement qui y était donné était d’un très bon niveau. Je sais aussi que le père de mon ami Robert CALAS a été dans cette école et lui aussi est élogieux sur la qualité de l’enseignement qu’il y a reçu.
Avec Robert CALAS, un document sur l’EPSP de Saint-Pons va paraître, il est comme toujours avec Robert bien documenté.
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